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CLUZEAUX, GROTTES ET SOUTERRAINS

Qu'est ce qu'un cluzeau ?

Le monde souterrain, l'autre monde, le ventre de la terre fut et reste encore pour les êtres humains, êtres de surface, le lieux de toutes les peurs, de tous les phantasmes mais aussi d'émerveillements et de fascinations.

De tous temps, durant notre longue pérégrination sur cette planète, les femmes et les hommes, nos ancêtres, comme nous mêmes, ont été confrontés à ces sentiments contradictoires pour cet inframonde mystérieux.

Tanières de bêtes sauvages, les grottes et autres cavités étaient une source d'effrois pour les premiers représentants de notre genre. C'était dans ces gueules béantes que finissaient ceux qui par malchance avaient croisé le chemin d'un prédateur. Pour preuve les nombreux restes d'hominidés aux os marqué par les puissantes molaires des hyènes, les bien nommés "des cavernes", ou par les canines acérées des lions et autres félins qui voyaient dans nos ancêtres de bien faciles proies.

C'est en partie la présence de ces restes qui justifierons bien plus tard l'appellation "l'Homme des cavernes"…

C'était aussi dans ces grottes que les ours, ces plantigrades tellement humain, allaient hiberner, mourir en quelque sorte, et ressortaient au Printemps, bien vivants et affamés. Quel étrangeté.

Bien sur, parfois un porche d'entrée pouvaient protéger des intempéries, comme ce fut le cas à La Caune de l'Arago, mais pas de traces d'habitats en grottes, du moins dans les parties qui n'étaient pas éclairées par la lumière du jour.

Cependant, il y a quelques centaines de milliers d'années, des êtres humains commencèrent à investir ces lieux avec d'autre intentions que de s'y abriter.

En 2013, en Afrique du Sud, une découverte fît grand bruit dans le sérail des préhistoriens et de tous ceux qui s'intéresse à notre évolution.

Dans les grottes de Rising Star, à une date toujours indéterminée, fut découvert les restes d'hominidés fossiles, une quinzaine d'individus, présentant des caractères archaïques assez proches des Australopithèques.

Des nouveaux nés, de jeunes adultes et des "vieillards" constituaient un groupe suffisamment homogène anatomiquement pour que leur "inventeur", Lee Rogers Berger, détermine une nouvelle espèce, Homo naledi.

Ils furent trouvés dans une partie du réseau presque inaccessible.

Devant la difficulté de déplacement dans ce "labyrinthe" sous terrain et le long cheminement depuis l'entrée pour rejoindre la salle des ossements, l'équipe de chercheur avança l'idée d'une "intention", d'une volonté…

Évidemment cette interprétation ne fit pas l'unanimité…

Mieux daté et documenté, le site d'Atapuerca, près de Burgos en Espagne.

Il y a 350 000 ans, un ou plusieurs groupes d'Homo antecessor, les ancêtres des néandertaliens européens, déposèrent 28 ou 30 individus, de l'immature au "vieillard", dans une diaclase verticale au fond d'une caverne. Pas de doute, c'était bien intentionnel.

Au milieu des vestiges osseux, les archéologues découvrirent un très beau biface qui ne présentait aucune trace d'utilisations. On peut raisonnablement penser à un dépôt symbolique.

Quoi qu'il en soit nous voyons dans cette pratique la plus ancienne trace d'une "soustraction" des défunts du monde de la surface pour les "extraire" du monde des vivants.

Ainsi, peut-être, leurs proches les enlevaient à l'appétit des charognards.

Certes, une interprétation fonctionnaliste pourrait être proposé. Après tout, garder à proximité de son lieu de vie des corps en décomposition n'est pas sans désagréments…

Mais la crémation ou l'immersion dans un cours d'eau remplissent à merveille la nécessité de se débarrasser d'un corps.

On peut donc supposer que ce n'est pas uniquement le coté "pratique" qui a motivé ce que l'on peut appeler une "tradition".

Serait-ce le plus ancien indice de l'amorce d'une distinction entre "les autres", les animaux, et "nous"?

Récemment, dans la grotte de Bruniquel fut découvert deux cercles de diamètres différents réalisés à partir de tronçons de stalagmites soigneusement choisis et agencés.

Nous devons cette réalisation à vocation symbolique, quel intérêt fonctionnel ?, à nos cousins européens, les Hommes de Neandertal.

Ces Hommes fossiles, longtemps considérés comme des brutes épaisses, possédaient une cosmogonie où, visiblement, le monde souterrain représentait un lieu particulier.

Ce sont également des néandertaliens qui gravèrent profondément des lignes géométriques sur les parois de la grotte de Gorham à Gibraltar il y a 39 000 ans.

Nous voyons qu'il n'y a pas que notre espèce qui a fréquenté les grottes et les cavités.

Cependant, les archives concernant la fréquentation du monde souterrain depuis près de 40 000 ans se comptent par dizaines de milliers.

Nos ancêtres, qu'ils soient préhistoriques, de l'Antiquité ou de périodes plus récentes ont multipliés les usages de ce monde du dessous.

Bien sur, il y a les grottes ornées. Cette esthétisation du monde souterrain, dont le sens nous échappe mais qui nous ouvre une "fenêtre" dans la pensée symbolique des groupes humains du Paléolithique supérieur entre l'Océan Atlantique et l'Oural.

Qui dit usage ne veut pas nécessairement dire transformation.

Hormis les gravures, bas et hauts reliefs et quelques anneaux creusés dans des surplombs rocheux, le monde souterrain reste un lieu de passage.

Les Humains y laissent leurs empreintes comme un défi au monde des ténèbres et du silence.

Avec le Néolithique et son économie de production, les choses changent.

Alors que les hommes du Paléolithique "glanent" ce dont ils ont besoin, leur nourriture comme les matériaux, le silex par exemple, l'augmentation des besoins corrélée à celle de la population nécessite des quantités autrement plus importantes qu'auparavant.

On ne ramasse plus, on creuse.

Texte de Christophe Vigerie

porte
silo
shema d'un cluzeau
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