Le Château de CHANTERAC ou Château du POUQUET
Un court résumé de l’histoire de la commune de Chantérac et de son château …
La commune de CHANTERAC est des plus anciennes dans la mesure où pas loin de l’église actuelle on connait l’emplacement d’une Villa Gallo-Romaine, grand domaine du début de notre ère qui semble avoir perduré jusqu’au V° ou VI° siècle. L’église elle-même fut d’abord, semble-t-il, le siège d’un vraisemblable d’un temple gallo-romain. Des archéologues ont noté des traces de construction d’un mur gallo-romain du coté Est.
Au IX° siècle, lors de la mise en place de l’administration carolingienne, qui est alors confiée à l’Eglise par Charlemagne, Chantérac est nommée archiprêtré ; il s’agit de l’un des douze premiers du Périgord. L’église est alors un édifice important, carolingien, avec toiture et charpente. Cette archiprêtrée s’étend de Saint-Méard de Drône jusqu’à Neuvic, Saint-Astier et Beauronne, qui sont alors de petits bourgs. Cette archiprêtré comprend un grand nombre de paroisses qui occupent le plus souvent le site des anciennes villa gallo-romaines et cela de la vallée de l’Isle au Sud jusqu’à la vallée de la Drône au Nord.
L’importance de Chantérac (ainsi que de Saint-Germain du Salembre) s’explique par le caractère majeur de l’axe de communication Nord-Sud que représente la vallée du Salembre, et cela en raison de son débouché, au Sud, sur le gué de Puy-de-Pont, appelé gué du Chalard, au pied de la forteresse de Puy de Pont. Il s’agit d’un gué important, utilisable pratiquement toute l’année et d’accès facile. On retrouve peu de gué en amont et en aval sur l’Isle et, surtout, il n’existe pas de pont, qui ne seront construits qu’au XIX° siècle.
Chantérac est alors, dans les derniers siècles du premier millénaire, une châtellenie vraisemblablement ecclésiastique, c’est à dire entre les mains de l’Eglise, et ce n’est qu’avec l’installation de la féodalité (IX° et X° siècles) que se dessine les familles qui vont prendre le pouvoir : à l’aube du X° siècle, c’est un VIGIER qui semble devenir le maître du domaine de Chantérac.
Cependant à la fin de notre premier millénaire, les guerres de successions carolingiennes et les raids normands le long des fleuves et des rivières pour aller razzier les abbayes et les églises, vont faire éclater le cadre administratif établi par Charlemagne. Le comte et les viguiers, qui sont leur représentants sur le terrain, vont s’émanciper, notamment de l’Eglise.
Si d’une part on va voir s’installer des fortifications dans les églises elles-même, et cela à partir du XI° siècle, car il s’agit du seul bâtiment communautaire construit « en dur » dans les villages, en même temps on voit s’édifier des mottes castrales et les premiers forts.
Chantérac qui est alors une propriété épiscopale verra sont premier château-fort, nommé « le Récidou » sur la paroisse de Saint-Aquilin, qui deviendra plus tard le château de Belet, siège d’une viguerie.
Il faut attendre la fin du XI° siècle pour que de nouveaux cadres administratifs, militaires et religieux, soient établis dans les points les plus importants de la proche région : Ribérac, Mussidan, Neuvic et Saint-Astier. A ce moment, les vieux sites tels que Puy de Pont, Chantérac et Le Récidou perdent de leur importance. Cependant la viguerie de Chantérac perdure, même si elle a perdu une bonne partie de son territoire.
Au milieu du XII° le duché d’Aquitaine passe entre les mains de l’Angleterre et de nouveaux cadres administratifs se mettent en place.
Il faut attendre le milieu du XIII° siècle pour voir se construire le château du Pouquet à Chantérac, avec un Audouin VIGIER, co-seigneur de Chantérac, en 1336 ; à ce moment les vigueries ont disparues, mais le patronyme de Audoin Vigier reste significatif...
Le château du Pouquet, construit sur une butte, tel qu’il se dessine à la fin du XIII° et le début du XIV° siècles, est sans doute un château fort dont on peut voir une tour résiduelle à la jonction des deux ailes du château actuel. Cette tour est construite en un lieu stratégique car dominant toute la forêt de la Double. Les pierres de construction que l’on peut voir à la base de cette tour sont d’une époque antérieure au reste de la construction, plus récent. Une partie du corps de logis attenant à cette tour, mais fortement remanié au XVII° siècle, porte encore les traces (épaisseur des murs, caves sous-jacentes...) d’une appartenance à un logis des XIV° - XV° siècles.
Il faut noter que tout autour de ce château médiéval, dans les « villages » (lieux-dit) avoisinants on trouve des maisons fortes, porteuses d’éléments de défense (Chaniveau, Puyembert, La Borie Haute, l’Enclave par exemple...) qui sont datables du XV°- XVI° siècle.
C’est vers la fin du XVII° siècle, ou le début du XVIII°, que le château va prendre la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Il fut entrepris alors des travaux importants, mais seulement la moitié de ce qui était prévu fut réalisé.
A partir de l’ancien logis, et raccordé à la tour d’angle, est construit un pavillon porteur de la porte d’entrée du château et une aile élevée sur trois niveaux. Ce pavillon est bien caractéristique de la moitié du XVIII° siècle, dit style Louis XVI. En retour fut élevé l’aile Est, beaucoup plus basse, de deux niveaux.
On créa en même temps par remblai le terrasse longeant le château coté Ouest, faisant disparaître le terrain à pic qui jouxtait la tour. Cette terrasse était limité au Nord et au Sud par deux tours carrés d’apparat dont ne persiste que la tour Sud, visible dans un pré.
Vers le Sud, accolé au logis ancien, aurait dû venir s’élever un second pavillon symétrique du premier, avec en retour une aile plus basse, identique à son vis-à-vis. Lors de l’aménagement du parc dans l’Entre-deux-guerres (environ 1930), les traces des fondations de ces projets furent retrouvées.
C’est ainsi que le château visible au XXI° siècle n’est que la moitié du château qui avait été projeté au XVII° siècle, perdant ainsi le caractère de symétrie qu’il était prévu de lui donner.
SLC
10/03/21